Un jour, il m’est arrivé une immense tristesse dans ma vie. Comme nombre de mes congénères, je me suis repliée sur moi-même, m’enfermant dans mon chagrin. Puis, ma résilience a voulu trouver un réconfort. Je suis allée dans une SPA (en France) et j’ai demandé à voir le chat dont personne ne voulait, je voulais sauver en me sauvant ! Avec une grande précaution, on m’a ouvert une porte en me prévenant que c’était un fauve, et qu’il allait être euthanasié. J’ai vu ce regard de chat et j’y ai lu tant de souffrances et de colère ! Oui, il faisait peur ! J’ai dit : je l’emmène ! On m’a fait signer des papiers dégageant leur responsabilité !!
Je l’ai ramené, il a démonté l’appartement ! Il s’est mis dans un coin, en grognant et feulant dès que je m’approchais. J’ai mis de la nourriture, j’ai parlé, je me suis couchée par terre en le regardant et j’ai laissé ma main pendre en bas de mon lit chaque nuit.
Il s’est approché un peu, mais jamais assez pour que je le touche. Toujours sur ses gardes, toujours en mode survie et méfiance.
Moi ? J’allais mieux ! Les petits progrès qu’il faisait me remplissaient de joie.
Trois semaines après notre rencontre, c’était le soir, ma main était pendue comme d’habitude en bas du lit, et il a sauté sur moi. Il m’a regardée, il s’est assis ! J’ai tendu doucement ma main pour le caresser, il a accepté.
J’ai réalisé en le regardant que je ne m’étais jamais demandée s’il était beau ce chat ! Mais il était si beau !
Je l’ai nommé Onyx à cause de la légende suivante qui me rappelait ma main qui apprivoisait. La mythologie grecque a une légende au sujet de l’onyx : un jour où la belle Aphrodite était profondément endormie au bord d’une rivière, Cupidon vint lui couper les ongles avec le fer d’une de ses flèches. Les rognures tombèrent sur le sable de la berge, et furent transformées en pierres d’onyx par les Parques.
Onyx a vécu longtemps, il a pris l’avion de la France jusqu’au Québec, il nous a été enlevé par un automobiliste qui l’a tué avec sa voiture.
Mais l’histoire d’Onyx est inspirante, et elle m’a toujours permis de ne pas voir que les apparences. Parfois derrière une colère se cache une détresse. Je regarde toujours mes petits élèves et je suis attentive à leur moindre détresse ou colère. J’écoute et console les chagrins avant qu’ils ne deviennent si grands qu’ils seront transformés en COLÈRE ! La souffrance est silencieuse, soyons à l’écoute.
« La parole apaise la colère. » Citation de Eschyle ; Fragments - Ve s. av. J.-C.
