Le Bénin
Quand j’ai trouvé ma première maison à Abidjan, il y avait un gardien et un cuisinier qui travaillaient déjà pour les anciens propriétaires. C’était assez nouveau et un peu étrange pour moi d’avoir des employés de maison mais ils étaient visiblement inquiets de leur situation. Immigrés en Côte d’Ivoire, le gardien dont j’ai déjà conté la triste l’histoire était Burkinabé et le cuisinier Béninois.
Ce dernier, Jonas, installé avec sa famille dans un quartier à la périphérie d’Abidjan, nous a invités pour nous enseigner sa maison et présenter sa famille. Il avait deux enfants, puis un an plus tard, un troisième pointait le nez. Jonas nous demanda un congé pour retourner au Bénin pour l’accouchement et nous invitât à passer dans son pays durant nos prochaines vacances.
Dans la famille à Jonas
Pour se rendre au Bénin en voiture il faut un peu de temps. Le problème ceux sont les frontières. Ghana, Togo et enfin Bénin, trois frontières au programme. Pour le retour nous avions choisi de un autre itinéraire, en passant par le Burkina nous faisions plus de route mais n’avions qu’une seule frontière. La Côte d’Ivoire étant notre pays ne nous posait aucun problème.
Nous avons reçu un accueil formidable dans la famille, dire que nous étions chez nous est en dessous de la vérité. Nous étions constamment remerciés d’employer le fils, comme si nous leur faisions un cadeau. Ceux sont des moments paradoxaux. On se sent heureux de ce que l’on reçoit, on se laisse convaincre que l’on est un bon patron, une bonne personne. Quelle faiblesse ! Car on est aussi honteux de ne pas donner et faire plus. Quand on pense aux salaires que l’nous payions, ridicules pour nos revenus. Et pourtant nous payions un peu plus que les voisins, ça donne bonne conscience.
La bébé venait de naître, nous voulions laisser Jonas et sa famille profiter de l’événement avec leurs proches, nous avons demandé la route deux jours plus tard. Demander la route est une belle expression que l’on utilise quand on quitte quelqu’un, on demande l’autorisation de s’en aller en quelque sorte. Il faut souvent demander plusieurs fois, façon de vous dire que l’on regrette votre départ.
Nous avions de la route à faire et un ami à rejoindre, avec qui nous allions remonter le pays pour atteindre le parc national du W, drôle de nom qui deviendra le parc de la Pendjari en entrant au Burkina.
Un redoutable policier
Voulant profiter de la négociation, je suis passé le premier et ai rapidement confessé une petite faute entrainant le paiement d’une petite amende mais l’ouverture immédiate du passage. Rapidement garé je suis revenu à pieds assister au spectacle.
C’était la phase des papiers, carte grise, visa, permis international, assurance … tout en règle. On est passé à l’équipement. Mon ami jouait la montre, faire perdre du temps au policier permettait d’attendre d’autres clients potentiels et d’essayer de sympathiser avec le policier. Celui-ci demandait « Avez-vous la trousse à pharmacie ? », le copain discutait, « Ah il faut une trousse à pharmacie ? », le policier s’enthousiasmait « Oui monsieur vous devez pouvoir porter secours ». Le copain semblait embarrassé à la grande joie de son interlocuteur, puis feignant une idée soudaine, cherchait longuement. Inquiétude puis déception du policier à l’apparition triomphale d’une boite marquée de la croix rouge. On passait au triangle, puis au cric, aux ampoules de rechange. Et chaque fois le même spectacle. Ça a duré plus de trois heures, le copain a gagné son pari, à Abidjan on en a entendu parler pendant des mois.
Le Bénin c’est aussi le pays du Vaudou. Malgré la mauvaise réputation qu’on lui a faite au cours du temps, le vaudou n’est jamais qu’une forme d’animisme. Parfois détournée parce que tout le monde y crois très fort. Pour la petite histoire, ceux sont les esclaves envoyés aux Caraïbes qui y ont exportés le vaudou.