RECIT : LA LONGUE GALERE : Episode 3...!

LA LONGUE GALERE : Episode 3...!

Crack...!

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Ces pays éloignés font rêver les voyageurs que nous sommes. Nous imaginons chacun de leurs lagons paradisiaques, nous envions leur isolement, nous nous extasions devant la moindre trace d’authenticité de leurs habitants, mais nous les parcourons armés de nos voiliers bourrés de haute technologie. Un problème de mât en aluminium, cassé en Australie, en Europe ou en Amérique du Nord, ne serait qu’un souci d’argent. Un problème de mât en bois, cassé en Indonésie serait réparé en 2 semaines pour une somme dérisoire. Mais voilà, ici, je suis la pointe de Ying perdu au milieu d’une étendue de Yang. Je sers à l’équilibre, à l’échange, mais je ne suis pas à ma place lorsque je suis équipé d’un bateau si moderne et en panne. Les seuls poteaux en aluminium fabriqués ici servent aux lignes électriques, et je ne m’appelle pas Moitessier…

La caravane

C’est alors que les rencontres deviennent importantes. Un peu par hasard, Harry, skipper du seul voilier de plaisance que j’ai croisé ces 3 derniers mois, est venu se mettre à l’abri ici. Nous sympathisons et grâce à sa parfaite connaissance du pays, me voilà aiguillé vers de possibles solutions de réparations. Tout d’abord, il faut refaire proprement la cadène et réinstaller le galhauban. L’opération prend une demi-journée et permet de redresser quelques peu le mât. Il me restera ensuite à rallier Bali, seul endroit où le « yachting » est légèrement présent en Indonésie. Je m’engage alors dans une étape de 300 milles au moteur. Le courant est contraire, je dois épousé les côtes pour profiter du contre courant et tenter de dépasser quelques fois les 3 nœuds, le plus souvent entre 2 et 2,5 nœuds.

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La caravane
Je fais le choix de passer côté océan. Selon moi, je serai à l’abri du vent. L’intuition est bonne, mais ne tient pas compte des courants de l’océan indien et de la houle associée. Je ne serai jamais si le choix de passer au nord aurait été meilleur, mais tout ce que je peux dire est que celui du sud n’a pas été de tout repos. Pour résumer, je me retrouve avec un mat cassé, un courant défavorable, une houle formée, et pour faire suite à cette liste déprimante, voilà que mon moteur cale subitement. Incroyable ! Voilà que mon bateau se retrouve quasiment à l’arrêt avec une grand voile gréée en dessous de la rupture, et dérivant doucement vers… l’Australie.

Croire en Dieu est interdit par ma religion. Et pourtant il y a des jours où je pourrais presque m’y mettre. Cinq minutes à peine après que mon moteur n’aie calé, voilà que passe à moins de 100m de moi une caravane de bateaux de pêcheurs, 6 exactement, tous remorqués par le plus gros d’entre eux. Evidement, eux ne sont pas en panne mais économisent leur carburant. Je n’avais jamais vu ce type de caravane depuis le début de mon voyage il y a 2 ans et demi maintenant… Un signe de la main, un sourire, et en moins de 10 minutes, me voilà remorqué au bateau n°6, lui-même remorqué au n°5, lui-même remorqué au n°4, lui-même remorqué au n°3, lui-même remorqué au n°2, lui-même remorqué à locomotive du groupe ! Une pleine journée sera nécessaire pour tous nous rallier à Lombok, l’île voisine de Bali. Une journée qui me permettra de trouver la raison de la panne moteur et de la fixer. 150€, un jerrican d’essence et un sourire, je crois n’avoir jamais été aussi heureux de payer quelqu’un.

Mes sauveurs...!

Mais Lombok n’est pas Bali et je ne suis toujours pas arrivé…

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Anciens épisodes :

Episode 1: @marc-allaria/recit-stop-8-la-longue-galere-episode-1
Episode 2: @marc-allaria/recit-stop-8-la-longue-galere-episode-2
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